Femme-girafe VS chat-pecheur
Reposes, vifs et alertes (le poil brillant) apres notre weekend farniente a Ao Noi, nous mettons le cap sur Hua Hin bien que nous savons d'avance que rien de bien ne nous y attend....
Le but de l'operation est de degoter un guide passionne qui nous fera decouvrir les mangroves du parc voisin de khao sam roi yot. Helas, comme nous le redoutions, les treks proposes ici se contentent de gentilles ballades en 4x4 climatises, de visites de plantations d'ananas et pour finir encore une fois par la visite d'une " tribu de la montagne".
Or, il faut le savoir. les minorites autrefois nombreuses et parfois nomades, ca emmerde severement les thais. Tout comme les chinois et les birmans d'aileurs...
Il y a peu d'annee encore, les thais s'adonnaient periodiquement a de rejouissants ethnocides ou l'on etripait a tour de bras paysans, femmes et enfants. Chinois et birmans se joignaient avec ferveur et zele aux festivites. Que voulez-vous donc faire des ces tribus analphabetes qui croient en des dieux qu'eux seuls connaissent? Par dessus le marche, Ils ne rapportent rien et refusent meme de sombrer dans le mercantilisme stupide qui est l'apanage de nos societes "modernes". C'en est trop, on ne peut tolerer pareil comportement.
Heureusement, les thais ont plus d'un tour dans leur sac a malice! Ils savent aussi qu'un bon petit masssacre, ca donne les idees claires aux plus retifs des sauvages, ca vous transforme un bolchevik enrage en un agneau docile et doux.
Alors quand les birmans se livrent a leur jeu de massacre favori sur les padangs ( vous savez, ces fameuses femmes avec le cou de girafe), le gouvernement thai saute sur l'opportunite et offre gracieusement un petit lopin de no-man's-land a ces sauvages. Seulement, en petites lignes en bas du contrat, il est stipule qu'ils n'auront pas le droit a la nationalite thaie pas plus que le droit de travailler. Je suppute que le gouvernement thai embauche des genies des lois du calibre d'un maitre Collard ou d'un JF cope.
Cernes, meurtris et sans autres alternatives, la tribu Padang n'a pas d'autres choix que de se livrer en pature aux tours-operators thais et etrangers et ainsi , aux torrents de touristes qui bavent d'envie d'approcher ces curieuses creatures dans leur zoo 100% authentico-toc. Les femmes Padang sont reduites a courir apres les touristes pour leur fourguer un collier, bracelet ou tissu, pretendument traditionnel, pour un prix revoltant.
Le Machiavelisme du capitalisme se revele parfois plus pur et fascinant que la plus belle des emeraudes birmanes!
Les Chinois avaient flaire le bon coup depuis bien longtemps et l'exploitation touristique des minorites va bon train et figure en bonne place dans les programmes des tour-operators de l'empire du milieu. Toutefois, les vieux demons les travaillent encore et ils s'autorisent de temps a autres une revigorante petite boucherie. Il ne faudrait pas perdre le coup de main tout de meme!
Ils ajoutent a tout ceci une discrete mais massive assimilation des populations par le nombre et vous aurez les ingredients du cocktail des rejouissances!
Les birmans ,de leur cote, trop paranos pour recevoir suffisament de touristes pour rentabiliser leurs minorites ethniques, preferent s'en tenir aux methodes eprouves et uses du bon vieux genocide des familles!
Vous l'aurez compris, nous portons ce type de tourisme dans notre estime a peu pres aussi haut que serge dassault. C'est dire. Le boycott nous apparait comme la seule option envisageable.
Bien sur, ils tenteront de vous convaincre que le village que vous visiterez n'aura jamais ete souille par des touristes avant vous (alors que des cars entiers de touristes curieux s'y deversent chaque jour), que vous contribuerez a perenniser leurs modes de vie et cultures (??!) et que c'est leur seule source de revenus (ce qui est vrai mais la faute a qui?).
A hua Hib nous n'avons pas trouver de guide convenable, en somme.Et nous voila coinces a dans cette cite balneaire, ses buildings, son hilton, son sheraton, sofitel, hyatt etc qui empiettent allegrement sur la mer, ses cabanes a frites, ses touristes nordiques rougis par le plantureux soleil thai et partout, a chaque coin de rue, sur chaque centimetre carre de plage surexploite, dans chaque gramme de ciment frais, ce concept qui nous fascine et nous effraie a la fois: La beauferie.
En outre, des expats francais, espece etrange et mysterieuse s'il en est, nous informe que pour des gaillards comme nous, rompus aux rudesses moites de la jungle, veritables indiana jones des temps modernes, le parc que nous escomptions crapahuter n'offre pas plus qu'une agreable distraction a des touristes bedonnants ( espece precedement mentionnees et qui se revele a bien des egards plus fascinante a l'observation que bien des ethnies indigenes) qui ne veulent pas salir leurs tongs gucci de contrefacon.
Nous ne verrons pas la mangrove, ni les chats pecheurs qui l'habitent, vetus grotesquement de cires jaunes, de bottes en caoutchouc et fumant la pipe en jurant avec un fort accent du guilvinec.
Heureusement d'autres mangroves nous attendent sur la route du sud que nous nous pressons d'emprunter, soulages de fuir Hua hin, un peu nostalgique de Ao Noi.
Je tiens aussi a signaler que j'ecoppe toujours de la redaction des articles ou il faut se plaindre et raler alors que juliette se reserve la primeur des articles a base de "c'est chouette", "c'est beau" ou "it's amazing".C'est cropimjuste!
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