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ju et gui en Asie
ju et gui en Asie
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20 novembre 2007

Elephants,singes et autres considerations...

Apres un debut de sejour plutot embrume au milieu de la faune de la petite ville de Jinhong, on decide d'aller se mettre quelques temps au vert au milieu de la faune ,plus vive, de la jungle yunannaise dans ce qui  est considere ici comme le "parc naturel de Sanchahe".

Durant les 3 heures que nous prend le voyage de 30 km malgre une route excellente (les bus chinois ca fait pas toujours rire sur le coup...) nous avons largement le temps d'observer les jeunes plantations d'hevea qui recouvrent maintenant la quasi totalite de la region...40% de foret abattue entre 2000 et 2005, changer ses pneus ca a un cout tangible ici.

Nous atteignons enfin l'entree du parc, on veut se faire plaisir alors on se loue un petite hutte au sommet du parc ou les elephants sont senses venir se baigner dans le torrent qui coule sous les huttes. Cool.

On connait le tourisme "naturel" a la chinoise et on ne s'inquiete pas du nombre impressionnant de bus, ni des bouibouis a touristes en bas du parc...j'y reviens.

On coupe court a tout ca en empruntant un telepherique (Et oui ,le chinois n'aime pas marcher, encore moins crapahuter surtout que madame vient en talons aiguilles dans les parcs naturels ,ce qui ne nous etonne plus puisque nous avons vu de nombreuses fois des balayeuses sur la voie publique travailler en talons aiguilles...)

Une autre manie des chinois consiste a saluer le touriste occidental qu'il croise par un bruyant "hello!!!!!!" suivi d'un gloussement bravache pour les hommes ou gene pour les femmes. Mais cette manie qui se revele assez rare au quotidien ,et parfois sympathique, devient par la magie du telepherique systematique! Chaque nacelle descendante que nous rencontrons nous gratifie d'un gigantesque "hello", et la cabine suivante se doit pour montrer sa bravoure d'en tonner un plus fort encore provoquant l'hilarite generale dans un brouhaha insense alors que pourtant nous survolons la canopee d'une superbe foret tropicale ou le silence devrait etre la regle...Je reponds au 10 premiers hello, puis aux suivants par un signe de tete, puis je me tourne a l'exterieur de la nacelle pour echapper aux invectives tandis que Juliette , patiente, continue de sourire et de repondre, me reprochant meme ma grossierte...Certes.

Si je croise des touristes chinois une fois rentre en France, je leur beuglerai "konnichiwa!!!!" dessus (bonjour en japonais) jusqu'a ce qu'ils doivent decampes de gene. Maigre revanche, je sais.

Et c'est la , penche a l'exterieur de la nacelle que j'ai la surprise de decouvrir, au milieu d'un deluge ahurissant de "hello" agrementes de "where are you from?" pour les plus cales, un timide elephant d'asie qui broute paisiblement sous la ligne du telepherique, insensible aux mugissements inouis des passagers qui le remarquent a peine tout occuper a nous faire la bonne blague. Bonne surprise,d'autant plus que les chances d'en apercevoir un sont minces.

elephants

Au terme de la traversee,nous prenons possession de notre hutte sommaire ainsi que d'un repas encore plus sommaire. Les touristes chinois sont a cette heure-la parachutes par hordes et "guides" par un guide a megaphone deguise en ethnie du yunnan et ce malgre les panneaux nous sommant de garder le silence par respect pour la vie sauvage. D'ailleurs, tres vite, les groupes chinois, lances a vive allure sur l'unique sentier praticable, se lassent des explications sur les arbres et autres betes et prefere pousser un karaoke geant au megaphone a tour de role, sans aucunement se soucier de la sublime nature qui les environne. Sachant qu'un groupe suit l'autre environ toutes les 3 minutes, je vous laisse imaginer le tohu-bohu.Comment demander le calme et le respect quand le personnel meme du parc utilise le megaphone ou la moto?

Juliette et moi , amuses puis consternes, laissons passer les groupes pour profiter du laps de temps entre deux assaults des hordes pour respirer. En descendant un peu, nous tombons sur des attractions, comme ca au milieu de la jungle, d'immenses balancoires au dessus du torrent, avec photos des intrepides et des dames superfashions en talons et jupettes, maquillees comme des camions voles au milieu de la jungle sur une balancoire...On se dit qu'ils se sont trompes, qu'ils auraient plutot du aller dans un "Center parc" avec cabanes a frites et disco inside, mais non, ils semblent satisfaits...Nous n'avions pas encore vu ce que la suite du parcours reservait...

Nous decidons de laisser passer l'orage et penetrons la jungle malgre les interdictions repetes "attention betes sauvages!". Pas fous les tigres, les leopards et les elephants, ils sont partis jouer dans la vallee d'a cote (le parc fait un million et demi d'hectare et il y en a 5 dans le yunnan, soit incomparablement mieux que la France, il faut etre honnete). Nous suivons la piste d'une famille d'elephants, pas besoin d'etre John Locke vu la taille et le nombre des empreintes. Nous tombons aussi sur des empreintes de felins mais nous ne voyons pas d'animaux en dehors des insectes qui nous assaillent. Il nous manque une machette pour percer l'impenetrable foret et les sentiers des elephants se revelent plus que boueux. Nous sortons de la crottes, mais piques par le virus de la jungle, vivement les jungles thais et malaises!!!

traces

Juliette decouvre en sortant du bourbier une sangsue qui trotte sur sa chaussure, elle tente difficilement de se frayer un chemin jusqu'au pied dodu et goutu. Prise de panique et pensant que la sangsue va perforer le cuir de sa chaussure de randonnee, Juliette defait en hurlant ses lacets avant de lancer le godillot piege. La sangsue se retrouve le cul par terre, bredouille, les traits tires par le cuisant echec, tiraillee par la faim. Nous ne tarderons pas a la rejoindre sur ce dernier point...

Le telepherique s'est arrete a 15h et les derniers touristes quittent en beuglant ,comme il se doit, le parc. Juliette et moi sommes les derniers touristes. Nous humons la douceur de l'apres-midi sur les sentiers enfin deserts. La foret reprend immediatement le dessus et une foule de creatures se met a fremir, ramper, courrir, voler, murmurer, c'est toute la foret qui bruisse. Nous nous attardons sous d'impressionnants arbres envahis de liannes, nous parvenons a discerner de nombreux animaux: singes, geckos, serpents, divers ecureuils ou rongeurs, oiseaux colores et une multitude d'insectes. Le torrent enfin rendu a la paix est submerge d'une nuee feerique de papillons si gros que Juliette, comme a son habitude, les confond avec des oiseaux. Pas mieux, j'en confonds un specimen particulierement gros avec une chauve-souris...c'est dire!

Nous profitons du soleil qui descend pour rejoindre notre hutte et se faire une petite collation bien meritee surtout apres le frugal dejeuner. Une dizaine de jeunes travailleurs logent a proximite de notre arbre (les huttes sont perchees dans des arbres), nous trouvons la responsable des logements et nous lui indiquons que nous souhaiterions manger. Elle nous dit que ca n'est pas possible tout en servant une immense (et on exagere vraiment pas) platree de riz, de viandes et de legumes a elle-meme et a ses collegues. On lui dit qu'on a rien apporte a mange, ca ne l'attendrit pas et elle continue sereinement de servir ses amis. Nous restons la quelques minutes incredules, attendant un rebondissement, il n'y en aura pas et Juliette, tenaillee par la faim, est de sombre humeur...(comme la malheureuse sangsue).

En rentrant a la hutte, nous apercevons un adorable couple de petits singes noirs et blancs que nous avions deja croises mais au milieu du charivari de la matinee. On s'assoit quelques minutes en les regardant pour oublier notre faim et notre chagrin. Apres nous avoir divertit d'un vertigineux spectacle de funambule, ces deux singes tres amicaux viennent a notre rencontre, demandent a se faire epouiller ce que nous faisons avec une joie melee de crainte puis c'est au tour de la petite femelle de nous epouiller. Elle semble etonnee de la miteuse fourrure que nous avons et des cheveux roux de Juliette. C'est alors que les choses prennent un tour plus sexuel, la jeune gueunon m'offre sa croupe et craignant autant les foudres de Juliette que celles du jeune male qui joue a nos pieds, je decide de m'ecarter et nous allons nous poster dans l'observatoire a elephants, dans un arbre au dessus de la riviere.

singes

Nos jeunes travailleurs apres s'etre empiffres nous gratifient des derniers tubes chinois ,passes, bien entendu, a plein volume. Les elephants ne semblent pas trop y gouter, ils ne se montrent pas. Dommage. Peut-etre demain a l'aube.

On s'emmitoufle dans notre moustiquaire et la nuit a reveille ,semble-t-il, tous les insectes, crapauds et betes non identifies qui donne la reponse de la foret au vacarme des chinois de la journee. Victoire par KO des insectes qui sans megaphones font un boucan de tous les diables. Impressionnant.

Pas trop rasssures par la construction de notre cabane, nous dormons d'un sommeil leger, reveilles tantot par les cris insolites de la foret, tantot par les mouvements precaires de notre hutte, tantot par la faim. Reveil a 6h, il fait nuit. Nous attendons l'aube pour profiter encore un peu du parc a nous tout seul. Malheureusement, les travailleurs chinois du parc sont deja a l'oeuvre et les bruits des motos dechirent la quietude de la jungle...Nous ne verrons rien, surtout pas les elephants mais les traces de leurs passages et repas de la nuit sont visibles a quelques metres de la hutte.

A 8h, le parc se remplit rapidement et quand nous arrivons a l'accueil ,nous rencontrons les attractions que nous avions zappees la veille: un consternant sanctuaire d'oiseau ou se battent trois malheureuses poules et quelques faisans au milieu d'une volee de chinois toujours plus nombreuse. Nous decidons d'esquiver la ferme des papillons en voyant les papillons seches a vendre a l'entree.

On decouvre alors un minuscule enclos aride et morbide entoure de douves ou une dizaine de macaques tentent vainement de faire passer le temps et l'ennui en regardant la foret vierge et gigantesque qui s'etend a quelques dizaines de metres de leur prisons. Une chinoise deguisee en minorite ethnique du Yunnan porte un petit macaque sur l'epaule qu'elle prete, moyennant finances, aux touristes pour la photo souvenir avec le singe dans les bras. Ca fend le coeur, nous decidons de quitter encore plus rapidement.

Quelques metres plus loins, on tombe nez a nez avec un jeune vrai/faux d'une minorite ethnique qui fait faire des tours a son ours malais musele, espece pourtant hautement protege, et ca d'autant plus dans une reserve naturelle...Enerves et attristes, nous accelerons encore le pas pour apercevoir un varan la gueule scotchee qu'on porte comme un vulgaire bisounours pour quelques centimes...malaise.

On court franchement au milieu des faux spectacles musicaux des vraies/fausses minorites ethniques vers la sortie a rebours des hordes de touristes qui penetrent en torrent le parc...

Bien entendu, les bus ne sont pas la, on doit emprunter une petite estafette chinoise qui nous conduit en moins d'une demi-heure a Jinhong ou nous nous ruons sur un bon restaurant que je digere , tout comme le parc, en ecrivant ce mail.

Est-ce que je referais ce parc maintenant? Oui, sans aucun doute. Le tourisme en Chine est souvent ingrat mais il y a certains moments qui valent bien plus que la peine...



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Commentaires
M
hello!<br /> et bien quel récit!! je crois que j'ai l'air un peu con à me tordre de rire devant l'ordi suite au péripétie de juliette et sa chaussure!!! je ne doutais pas de vos charmes mais ça fait toujours beaucoup rire!&&&&&&
L
Quel récit merveilleux j'apprécie toujours autant la jolie prose de guillaume , on s'y croirait tellement s'est raconté avec détails et sincérité . A Juliette ça y est la rencontre avec les insectes est là le récit est très drôle et te connaissant un peu je t'imagine comme si j'y était ( la sangsue trop drôle) . Au cas ou on ne vous l'aurez pas dit ,plus de photos ça serait bien.......
A
bon ben a ce que je vois tout a l'air d'aller pour le mieux!pleins les mirettes!!!!et en lisant votre récit je me marre entre la grignette et sa godasse kamikasé et toi qui te fait largement allumer par une guenon ....on peut dire que vous, vous aurez des trucs a racontez a vos petits enfants.&&&&hein!!!ici tous va bien une vie paisible a base de Xtralong ou de suprême giant (et de sauce caca bien entendu...) bisous a bientôt et c 'est vrai que vous pourriez mettre plus de photos
C
Oui je suis d accord pour plus de photos aussi!
M
Quel récit captivant!! Merci de nous faire partager votr périple avec autant de détails, comme d'hab', on s'y croirait!!
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