15 jours en thailande deja...
Quinze jours que nous avons franchi le Mekong, borde a l'ouest par la Birmanie et a l'est par le Laos, puis enfin la Thailande et le petit port de Chiang Saen. Par chance nous debarquons le soir de la fete de "Loi Khrathon" , la fete de l'eau en fait. Nous avons fait , comme il se doit, des offrandes au Mekong pour le remercier de sa clemence a notre egard et de sa beaute, un petit radeau avec de l'encens, une petite mongolfiere a bougie et on devore notre premier curry thai. Miam c'est bon.
Le choc est intense apres la Chine. Les thailandais sont souriants, serviables et raffines. Ils le sont tellement que dans les premiers temps nous nous sommes mefies de cette gentillesse trop gratuite pour etre honnete, pensions nous. Mais non, ils sont efffectivement ainsi!
Nous naviguons a vue dans le nord-ouest, Chiang Saen, Chiang Rai, Pai, Mae Hong Son puis Chiang Mai. La capitale du coin. Ce qui saute aux yeux en venant de chine, c'est qu'ici tout est fait pour le tourisme, tout est traduit en anglais, les thais parlent anglais , souvent francais aussi. ("c'est parti mon kiki" se-plaisent-ils a dire...) Il y a des hebergements en nombre, des bars rien que pour les touristes, des gerants de guesthouses qui s'occupent de vos chaussettes sales a vos repas, de vos loisirs a vos transports en passant par votre location de moto et votre petit-dejeuner. Ce qui revient, en somme, a se vautrer genereusement dans une chaise longue et a ne se soucier en rien de ce qui se passe dans le monde reel: la seule obligation de la journee consiste a se trouver un loisir plaisant, de veritables palaces pour pauvres en fait.
D'un autre cote, ca monte vite a la tete des gens. Des farangs, anglo-saxons en majorite, des francais pas mal, ca s'arsouille a qui mieux-mieux, musique et bieres pas chers! Certaines villes ne sont peuplees que par des farangs en mal de beuveries, les seuls thais qui restent travaillent de l'autre cote du comptoir. Authenticite garantie!On debarque dans un bled pretendument thai, mais tout le monde a les cheveux blonds, ca fait drole. Il y a aussi des flopees de hippies de troisieme zone qui trainent leurs dreadlocks en attendant la foule-moon party sur une ile du sud au son desesperant d'une "trance" d'un autre age qu'on croyait disparue avec la dream et les boys-bands.On est aussi dans le triangle d'or ca joue...Ce qui n'empeche pas ces nouveaux bab's de se pavaner vetus de leurs plus beaux saris au milieu de troupeaux d'anglais arborant maillots de foot et mechant coup de soleil , et avines bien entendu. On se plaint , on est mechant, on rale et c'est pas fini. On ne se refait pas ou presque...
Il suffit pourtant de faire quelques kilometres pour se retrouver dans la jungle -sublime- au guidon d'une petite moto et alors on traverse de petits villages de tribus des montagnes et on tombe sur de jolies cascades et des temples perdus en haut de petites montagnes. On est pieds nus. C'est chouette.
On descend la Mae Pai en rafting. Pour la performance sportive, on repassera, mais pour la croisiere fluviale, bingo! Les singes se balancent au dessus des flots tandis que nous ramons paisiblement dans la touffeur de la vallee, des cobras chassent sur de petites plages de sable fin, on dort a la fraiche sur un lit de bambou perdu dans l'immense foret. On croise un python qui dort enroule autour d'une branche, d'autres singes encore puis on arrive a Mae Hong Son, paisible bourgade, presque pas de touristes. Ouf.
On a pas notre compte de la jungle, on en redemande encore. Les organisateurs de treks ne comprennent pas quel acharnement on met a vouloir passer nos nuits et nos jours dans la foret. D'ailleurs personne n'organise ce genre de chose, ici, on fait du tourisme "ethnique" : On fait marcher un groupe de touristes pour un tarif eleve dans le sous bois pour lui donner l'illusion d'etre Indiana Jones. Puis une fois que les premieres plaintes se font entendre, on debarque la smala au village typico-authentique, qui par chance ne se trouvait qu'a 200 metres de la.
Les gens de la tribu avec gentillesse, et pour un tarif indecent, pourvoient aux besoins des farangs, ravis de voir de vrais indigenes avec les dents pourries pour de vrai, sans aucuns trucages. C'est comme le zoo , en somme, mais avec des pauvres. Pendant ce temps-la, 10 km plus loin, les organiseurs de tour se frottent la panse en soupirant de satisfaction.
On est pas trop interesse par les pauvres, on continue notre route vers Khao Yai National Park, ou, semble-t-il, des treks decouverte vie sauvage sont organises. C'est effectivement vrai et nous passons 2 jours delicieux ou un guide passionne nous traque diverses betes exotiques. Nous sommes pour une fois vraiment satisfaits et nous ne trouvons meme pas matiere a raler, meme pour la forme...
On suit des rencontres de passage qui nous conduisent plus pres de la frontiere cambodgienne au temple khmer pre-angkorien -pour les specialistes- de Phimai. C'est beau, on s'eloigne du grand club de vacances que peut parfois etre la Thailande. Ca commence a ressembler a la Thailande.On en est pas sur.On est pas sur non plus que ces sourires ca soit vraiment thai.On est pas sur, non plus, que les fetes orgiaques ca ne soit pas plus la thailande encore.On ne sait plus trop que croire. Mais c'est bien agreable pourtant ce centre de vacances a l'echelle d'une nation! Et avec que des employes thais ou presque. Ici on ne rigole pas avec le patriotisme sous le regard bienveillant du roi dont la presence rappelle des heures bien plus sombres... On ne rigole pas non plus avec l'hymne national qui joue dans la rue a 8h et 18h, on abandonne son activite et on se leve sans mots dire. Jusqu'au elections du 23 decembre, tout ira bien. Ensuite nul ne sait...sachant que le suspens de ces elections est au moins aussi grand que celui de la derniere reelection de poutine.Bref.
Nos rencontres du moment veulent continuer encore plus vers Angkor Wat, on les laisse, on a eu notre dose de ruines . Route sur Bangkok. Il fait chaud, ca pue , ca bouchonne, c'est comme on l'imagine...et c'est maintenant, je vois les lumieres clignotantes de Khao San road qui attirent les farangs comme les mouches, juliette qui regarde les blogs de couture, la circulation se calme. Des enfants en costume d'ecoliers font un concours de yoyo, les woks commencent a chauffer, les bieres a refroidir,une autre nuit folle attend bangkok. Nous attend-elle?
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